• Quelque chose doit craquerLe 4 août 1962, comme elle le faisait après chaque séance de pose depuis plusieurs années, elle rendait son avis sur son ultime série de photos, avec Allan Grant pour le célèbre magazine américain Life. Elle vient de trouver un nouvel arrangement avec la Fox et qu’elle est sur le point de reprendre le tournage de Something got to give, cette fois sous la direction de Jean Negulesco, mais cela ne suffira pas à compenser le naufrage de sa vie privée. Parce qu’elle cherchait un père et qu’elle aurait voulu être mère, Marilyn a tout donné. Mais elle n’a rien reçu. Alors, pour cet ange du sexe, la vie fut un enfer. Inquiète, indisciplinée, celle qui d’une façon magistrale sait insuffler un trouble érotique à tout ce qu’elle entreprend s’enferme chez elle et cherche vainement à joindre Robert Kennedy. On ne la reverra plus, sinon ce 5 août 1962, où on la découvrira morte dans sa chambre, victime d’un empoisonnement aux barbituriques selon le communiqué (d’ailleurs très tardif) du médecin légiste de Los Angeles. La thèse du suicide se trouvera ainsi officiellement accréditée. Elle ne satisfera pas tout le monde et de nombreux journalistes croiront alors reconnaître dans la mort de Marilyn la main de la Mafia ou de la CIA. Joe Di Maggio, quant à lui, s’était fait une opinion très arrêtée sur la responsabilité morale des Kennedy mais surtout du tout Hollywood : aucun membre du « clan » et aucune star ne furent admis aux funérailles de celle qu’il n’avait jamais cessé d’aimer et dont il voulut qu’elle fût ensevelie dans la plus stricte intimité, au cimetière de Westwood Memorial Park.


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  • Liaisons dangereusesMalade, Marilyn accumule les retards et les absences, et elle parvient de plus en plus difficilement à s’extraire de ses interminables séances de maquillage et d’habillage. George Cukor, qui fait ce film sans conviction, se montre fort peu accommodant. Le conflit entre l’actrice et la Fox s’intensifie, et le jeune producteur Henry Weinstein, dépassé par les événements, ne parvient pas à faire démarrer vraiment le film, malgré sa gentillesse et sa compréhension. Les séquences que Marilyn réussit à tourner ont beau être magnifiques, les plus belles même, peut-être, de toute sa carrière, elle est finalement licenciée. Le coup est d’autant plus dur qu’elle vit au même moment la passion la plus folle de toute son existence. Elle est alors la maîtresse du président des États-Unis, John F. Kennedy. Elle s’est même naïvement imaginé qu’elle pourrait devenir un jour son épouse. Et, le 19 mai 1962, elle est venue à Madison Square Garden chanter Happy Birthday to you à l’occasion d’un gala d’anniversaire organisé par les amis du président. Mais elle réalisera trop tard qu’elle n’était qu’une poupée de luxe pour celui qui n’hésitera pas à la sacrifier lorsque le clan Kennedy décidera que la plaisanterie a assez duré. C’est le propre frère du président, le ministre de la Justice, Robert Kennedy, qui se chargera de la rupture. De multiples témoignages peuvent laisser à penser qu’il n’est pas non plus resté insensible à ses charmes… Robert Kennedy a-t-il été le dernier amant de Marilyn ? Sans doute, si l’on en croit la plupart de ses biographes.


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  • le dernier acte de la tragédie hollywoodienneLes Désaxés ne seront malheureusement pas le chef-d’œuvre de John Huston, malgré tout ce qu’il promettait. En effet, Arthur Miller, dont la rupture avec Marilyn était pratiquement consommée, avait écrit un scénario extrêmement original, et, sous son autorité, le grand cinéaste réunissait une distribution idéale avec trois stars de l’importance de Marilyn Monroe, Clark Gable et Montgmery Clift. Mais le destin devait conférer à ce film une coloration funèbre : Gable mourrait peu après la fin du film. Clift succomberait à une crise cardiaque six ans plus tard. Et Monroe, elle, entrerait dans le dernier acte de sa tragédie. Comme l’écrit Olivier Dazat : « la mort des trois acteurs principaux l’a ensuite transformé en sanctuaire, lui donnant un souffle testamentaire. » Lorsque Marilyn entreprend le tournage des Désaxés, en 1960, elle a en effet atteint un point de non-retour. Nerveusement brisée, mais toujours aussi belle et aussi talentueuse, elle supporte de plus en plus mal l’épreuve d’un tournage difficile qui se transforme bientôt en cauchemar et dont elle ne se remettra jamais. Et c’est pourtant cette femme malheureuse et très malade que les dirigeants de la Fox vont contraindre, en 1962, sous peine de poursuites judiciaires, à honorer son contrat et à tourner un nouveau film de George Cukor : Something got to give. La compagnie est alors au bord de la faillite Aussi joue-t-elle son avenir sur deux films et sur deux stars : Elizabeth Taylor avec Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz et Marilyn Monroe dans Something got to give. Le premier sera un gouffre financier vertigineux qui aura de graves répercussions sur le budget du second : Marilyn le supportera d’autant moins que Liz Taylor aura gagné dans l’affaire quelque 2 millions de dollars. Le tournage de Something got tot give se présente du reste sous les pires auspices.


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  • Un sex-appeal tout de tendresse et de naïvetéSon sex-appeal ingénu éclate encore dans Le Milliardaire (1960). Marilyn avait très envie de tourner sous la direction de George Cukor, un maître de la comédie américaine dont elle admirait la finesse, l’intelligence et les manières aristocratiques. En réalité leurs relations furent détestables, Cukor lui vouant une sorte de mépris hautin et portant toute son attention à Yves Montand pour lequel il éprouvait une inclination manifeste. Le climat du tournage fut en outre aggravé par la liaison éphémère et terriblement décevante qui unit Montand et Marilyn sous les yeux de Simone Signoret et sous ceux, plus complaisants, d’Arthur Miller. En dépit de quelques très bonnes scènes, Le Milliardaire est d’ailleurs loin d’être le meilleurs film de George Cukor. Sa sensualité à fleur de peau, peau qu’elle avait nacrée et translucide, et son éternel sourire de jeune fille, à la fois tendre et naïf, mais aussi aguicheur, font toujours le succès de Marilyn. Cette carnation si particulière, d’une blancheur que la lumière caresse et magnifie, jointe à une photogénie naturelle et spontanée, charme les projecteurs et fait le bonheur des photographes : on la voit partout, sur les écrans comme dans la presse, depuis sa première couverture du magazine américain Life en avril 1952 à sa dernière séance de pose dix ans plus tard pour le même magazine. Mais si elle aime le travail avec les photographes, son jugement est sans appel : nombreux sont les négatifs poinçonnés et les planches contacts barrées d’un trait de crayon gras.


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  • les complexes d'une grande actriceMais désorientée et naïve, Marilyn continue de se croire mauvaise comédienne malgré le succès de Bus Stop. Son travail sous la direction d’un Laurence Olivier peu inspiré et très exigeant dans Le Prince et la danseuse (où la rencontre symbolique de l’Amérique populaire et de la vieille Europe aristocratique dans un conte de fée moderne) n’arrange rien ; malgré tout, elle confirme qu’elle est bel et bien devenue une très grande actrice dans ce qui reste un très joli film. Le triomphe mondial de Certains l’aiment chaud, qui est certainement l’un des dix meilleures comédies que le cinéma hollywoodien ait jamais produite, la rassure un peu. Elle y livre comme la quintessence d’un génie érotique dont le critique et cinéaste surréaliste Ado Kyrou dira qu’il consistait en des défis « dont le plus important reste sa volonté de rester ce qu’elle était, d’oser être une femme, femme dans le moindre de ses gestes, dans ses paroles, dans son sourire, dans sa myopie, dans sa démarche ». Mais le tournage de ces deux films ne fut pas de tout repos pour ses partenaires et ne cesseront de se dégrader avec les acteurs et metteurs en scènes de ses prochains films. Ces derniers acceptaient mal des caprices qui étaient en réalité les prémices d’une névrose dont personne ne saura la guérir. Tony Curtis, son partenaire de Certains l’aiment chaud, ira même jusqu’à dire : « Embrasser Marilyn Monroe, c’était comme embrasser Hitler. » À quoi elle répondra avec beaucoup d’esprit : « Il a dit ça uniquement parce que mes robes étaient plus jolies que les siennes. » On se souvient bien sûr que, dans cette comédie débridée, chef-d’œuvre de la comédie américaine où Marilyn est au summum de sa beauté et de son talent, Tony Curtis et Jack Lemmon étaient travestis ! Depuis des années maintenant, Marilyn prend des cours à l’Actors’ Studio : son désir d’améliorer son jeu et de sortir des rôles de pulpeuse séductrice est pathétique et tourne à l’obsession. Elle croyait trouver dans son dernier mari, Arthur Miller, intellectuel de renom, une caution suffisante. Mais elle ne parient qu’à faire sourire ou jaser les milieux professionnels qui continuent stupidement à bouder son travail d’actrice. Le jury des Oscars semble ne voir en elle qu’une starlette comme une autre et, malgré une reconnaissance universelle par le public, qui fait de Marilyn la plus célèbre actrice de tous les temps, aucune récompense officielle ne vient la rassurer. Elle devient capricieuse, versatile, insupportable sur les plateaux, s’absente, boude les cocktails, arrive en retard systématiquement à tous ses rendez-vous avec la presse. Un examen plus sérieux des personnages qu’elle a incarné prouve que ses talents d’actrice, parfois mal employés, étaient réels. Derrière la simple poupée préfabriquée, derrière le visage d’ange aux yeux bleus, la silhouette de pin-up, il y avait une vraie comédienne. Il est sans doute vrai que sa vie privée tumultueuse, ses angoisses et ses complexes la rendirent difficile à diriger dans les dernières années de sa courte carrière. Elle était même menacée de licenciement à cause de son attitude sur le tournage de son dernier film, d’ailleurs inachevé (d’après la légende, Cukor lui-même perdait patience). Mais son interprétation pathétique dans Les Désaxés aux côtés de Clark Gable et de Montgomery Clift, lui aussi à la dérive, montre qu’avec un bon dialogue, et un bon réalisateur (John Huston en l’occurrence) elle pouvait faire de grandes choses. Ce fut son dernier film en fait.


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