La déesse de l'écran

La carrière cinématographique de Marilyn dura seize ans. En 1954, lorsqu’elle quitta Hollywood pour New York, cela faisait huit ans qu’elle avait signé son premier contrat et avait déjà participé à pas moins de vingt-quatre productions. Ses rôles s’étaient limités à des personnages dont la caractéristique était la plastique. Marilyn avait construit son image mais se perdait en elle. Plus elle était exigeante envers elle-même et plus elle devenait capricieuse. Ses besoins affectifs, son narcissisme et ses angoisses étaient à l’origine de son attitude détestable sur les plateaux. Elle hérita ainsi de la réputation de perpétuelle retardataire, d’actrice négligente et égocentrique, qui n’avait pas d’égards pour ses compagnons de tournage. Ses agissements étaient involontaires et, à de nombreuses reprises, elle s’en excusa et s’en repentit. Aucun, à part de rares exceptions, ne lui en tint rigueur. Dans la seconde moitié de sa carrière, elle ne tourna que cinq films. Le ralentissement de son activité professionnelle fut mis sur le compte de l’alcool, des barbituriques, de ses problèmes psychologiques ou de sa paresse ; accusations aisées, car elles permettaient à Hollywood de ne pas se remettre en question durant cette période où toute la société se transformait. Lors de sa fuite de la Mecque du cinéma, elle emporta avec elle le personnage de la blonde sexy, avec la ferme intention de lui donner une nouvelle orientation. Son rêve était de pouvoir interpréter des œuvres dramatiques, mais les studios se refusaient à proposer à sa star autre chose que des rôles qui lui rapportaient un maximum de bénéfices pour un minimum d’investissement. Bien sûr, c’était ce que le public demandait, mais les aspirations de Marilyn la menaient vers d’autres ambitieux projets. Alors, elle limita ses apparitions et tenta désespérément de retrouver la femme derrière le sex-symbol. L’image sur laquelle elle avait patiemment construit sa carrière trouvait son origine dans son désir obsessionnel de devenir actrice.