• fatale solitudeSuicide, overdose accidentelle, erreur médicale ou assassinat ? Mystère. Mais la sensualité païenne de Marilyn Monroe était déjà entrée dans la légende. Par un mouvement des hanches, par des lèvres entrouvertes et des yeux mi-clos, elle électrisait les pulsions les plus avouées de chaque homme et provoquait un petit levier de rideau sur une sexualité jusqu'alors masquée, offrant son corps, sa bouche, son charme à un public avide d'émotions, de frissons et de rêves. La douceur des gestes, la tendresse des regards atténuaient l'agressivité d'un don charnel, choquant et charmant à la fois ; elle multipliait une image répondant à chaque appel muet dans une harmonie ensorceleuse. Elle envoyait dans un soupir, dans un éclat de rire, un souffle de naturel, de liberté et de fraîcheur, éclipsant doucement la déesse inaccessible, érotisant l’ingénue enfantine. Tout d’ombre et de lumière, ce qu’il nous reste de cette femme à la vie personnelle et amoureuse mouvementée est un subtil mélange de mystérieux et d’expliqué, d’inconnu et de connu, d’intime et de médiatisé, voire surmédiatisé. Son visage et son corps nous sont familiers grâce à une trentaine de films et à des milliers de photos, dont certaines toujours inconnues du public, mais son âme et son histoire - sa mort, aujourd’hui encore non véritablement élucidée, comme son enfance, entre une mère malade et un père démissionnaire et inconnu - nourrissent un mythe sans cesse renouvelé. Les dernières images des rushes de son dernier film demeuré inachevé sont autant éblouissantes que bouleversantes : Marilyn y apparaît dans toute la gloire d’une féminité radieuse, tout en grâce enfantine, en charme impudique et en irrésistible séduction, justifiant pour l’éternité ce propos de l’écrivain Norman Mailer : « Elle était une corne d’abondance. Elle engendrait des rêves de miel. » Et pourtant, un goût amer accompagnera à jamais ces rêves. Norman Mailer dira encore de la plus grande star du firmament hollywoodien : « Elle était ambiguë. Elle était l’ange du sexe, mais son angélisme résidait dans son détachement. Car elle était séparée de ce qu’elle offrait. » Cette séparation fut sans doute le drame de toute son existence.


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  • Quelque chose doit craquerLe 4 août 1962, comme elle le faisait après chaque séance de pose depuis plusieurs années, elle rendait son avis sur son ultime série de photos, avec Allan Grant pour le célèbre magazine américain Life. Elle vient de trouver un nouvel arrangement avec la Fox et qu’elle est sur le point de reprendre le tournage de Something got to give, cette fois sous la direction de Jean Negulesco, mais cela ne suffira pas à compenser le naufrage de sa vie privée. Parce qu’elle cherchait un père et qu’elle aurait voulu être mère, Marilyn a tout donné. Mais elle n’a rien reçu. Alors, pour cet ange du sexe, la vie fut un enfer. Inquiète, indisciplinée, celle qui d’une façon magistrale sait insuffler un trouble érotique à tout ce qu’elle entreprend s’enferme chez elle et cherche vainement à joindre Robert Kennedy. On ne la reverra plus, sinon ce 5 août 1962, où on la découvrira morte dans sa chambre, victime d’un empoisonnement aux barbituriques selon le communiqué (d’ailleurs très tardif) du médecin légiste de Los Angeles. La thèse du suicide se trouvera ainsi officiellement accréditée. Elle ne satisfera pas tout le monde et de nombreux journalistes croiront alors reconnaître dans la mort de Marilyn la main de la Mafia ou de la CIA. Joe Di Maggio, quant à lui, s’était fait une opinion très arrêtée sur la responsabilité morale des Kennedy mais surtout du tout Hollywood : aucun membre du « clan » et aucune star ne furent admis aux funérailles de celle qu’il n’avait jamais cessé d’aimer et dont il voulut qu’elle fût ensevelie dans la plus stricte intimité, au cimetière de Westwood Memorial Park.


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  • Liaisons dangereusesMalade, Marilyn accumule les retards et les absences, et elle parvient de plus en plus difficilement à s’extraire de ses interminables séances de maquillage et d’habillage. George Cukor, qui fait ce film sans conviction, se montre fort peu accommodant. Le conflit entre l’actrice et la Fox s’intensifie, et le jeune producteur Henry Weinstein, dépassé par les événements, ne parvient pas à faire démarrer vraiment le film, malgré sa gentillesse et sa compréhension. Les séquences que Marilyn réussit à tourner ont beau être magnifiques, les plus belles même, peut-être, de toute sa carrière, elle est finalement licenciée. Le coup est d’autant plus dur qu’elle vit au même moment la passion la plus folle de toute son existence. Elle est alors la maîtresse du président des États-Unis, John F. Kennedy. Elle s’est même naïvement imaginé qu’elle pourrait devenir un jour son épouse. Et, le 19 mai 1962, elle est venue à Madison Square Garden chanter Happy Birthday to you à l’occasion d’un gala d’anniversaire organisé par les amis du président. Mais elle réalisera trop tard qu’elle n’était qu’une poupée de luxe pour celui qui n’hésitera pas à la sacrifier lorsque le clan Kennedy décidera que la plaisanterie a assez duré. C’est le propre frère du président, le ministre de la Justice, Robert Kennedy, qui se chargera de la rupture. De multiples témoignages peuvent laisser à penser qu’il n’est pas non plus resté insensible à ses charmes… Robert Kennedy a-t-il été le dernier amant de Marilyn ? Sans doute, si l’on en croit la plupart de ses biographes.


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  • le dernier acte de la tragédie hollywoodienneLes Désaxés ne seront malheureusement pas le chef-d’œuvre de John Huston, malgré tout ce qu’il promettait. En effet, Arthur Miller, dont la rupture avec Marilyn était pratiquement consommée, avait écrit un scénario extrêmement original, et, sous son autorité, le grand cinéaste réunissait une distribution idéale avec trois stars de l’importance de Marilyn Monroe, Clark Gable et Montgmery Clift. Mais le destin devait conférer à ce film une coloration funèbre : Gable mourrait peu après la fin du film. Clift succomberait à une crise cardiaque six ans plus tard. Et Monroe, elle, entrerait dans le dernier acte de sa tragédie. Comme l’écrit Olivier Dazat : « la mort des trois acteurs principaux l’a ensuite transformé en sanctuaire, lui donnant un souffle testamentaire. » Lorsque Marilyn entreprend le tournage des Désaxés, en 1960, elle a en effet atteint un point de non-retour. Nerveusement brisée, mais toujours aussi belle et aussi talentueuse, elle supporte de plus en plus mal l’épreuve d’un tournage difficile qui se transforme bientôt en cauchemar et dont elle ne se remettra jamais. Et c’est pourtant cette femme malheureuse et très malade que les dirigeants de la Fox vont contraindre, en 1962, sous peine de poursuites judiciaires, à honorer son contrat et à tourner un nouveau film de George Cukor : Something got to give. La compagnie est alors au bord de la faillite Aussi joue-t-elle son avenir sur deux films et sur deux stars : Elizabeth Taylor avec Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz et Marilyn Monroe dans Something got to give. Le premier sera un gouffre financier vertigineux qui aura de graves répercussions sur le budget du second : Marilyn le supportera d’autant moins que Liz Taylor aura gagné dans l’affaire quelque 2 millions de dollars. Le tournage de Something got tot give se présente du reste sous les pires auspices.


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  • Un sex-appeal tout de tendresse et de naïvetéSon sex-appeal ingénu éclate encore dans Le Milliardaire (1960). Marilyn avait très envie de tourner sous la direction de George Cukor, un maître de la comédie américaine dont elle admirait la finesse, l’intelligence et les manières aristocratiques. En réalité leurs relations furent détestables, Cukor lui vouant une sorte de mépris hautin et portant toute son attention à Yves Montand pour lequel il éprouvait une inclination manifeste. Le climat du tournage fut en outre aggravé par la liaison éphémère et terriblement décevante qui unit Montand et Marilyn sous les yeux de Simone Signoret et sous ceux, plus complaisants, d’Arthur Miller. En dépit de quelques très bonnes scènes, Le Milliardaire est d’ailleurs loin d’être le meilleurs film de George Cukor. Sa sensualité à fleur de peau, peau qu’elle avait nacrée et translucide, et son éternel sourire de jeune fille, à la fois tendre et naïf, mais aussi aguicheur, font toujours le succès de Marilyn. Cette carnation si particulière, d’une blancheur que la lumière caresse et magnifie, jointe à une photogénie naturelle et spontanée, charme les projecteurs et fait le bonheur des photographes : on la voit partout, sur les écrans comme dans la presse, depuis sa première couverture du magazine américain Life en avril 1952 à sa dernière séance de pose dix ans plus tard pour le même magazine. Mais si elle aime le travail avec les photographes, son jugement est sans appel : nombreux sont les négatifs poinçonnés et les planches contacts barrées d’un trait de crayon gras.


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