• délivrée des maléfices hollywoodiens ?Après Sept ans de Réflexion, rendu célèbre par la séquence la plus connue de tout le cinéma (Marilyn, pour trouver un peu de fraîcheur, se place au-dessus d'une bouche d'aération qui soulève sa robe blanche et découvre ses dessous), et qui lui vaut tous les éloges, elle décide de fuir cette image de sex-symbol qui lui colle trop à la peau et de jouer des rôles plus dramatiques. Marilyn nourrit en effet cette autre ambition : celle de devenir une comédienne « classique ». De plus, elle n’est toujours pas satisfaite, à juste titre d’ailleurs, de sa situation à la Fox. Aussi, en 1955, prend-elle ses distances avec Hollywood sous l’influence du photographe Milton Greene, qui la pousse à fonder sa propre société de production et à renégocier ses conditions de travail avec Zanuck. Une nouvelle période de la carrière de Marilyn commence. Elle s’installe à New York et, par l’entremise de Shelley Winters, fait la connaissance de Lee Strasberg, le directeur de l’Actors’ Studio. C’est avec une passion authentique et avec une surprenante humilité que, sous la direction de Lee Strasberg et de son épouse Paula, elle s’initie à cette fameuse méthode qui vise à une identification totale entre l’acteur et son personnage. Désormais, Lee et surtout Paula Strasberg seront les « gourous » indispensables de la comédienne, prenant une place de plus en plus envahissante sur le plateau de ses films et suscitant l’irritation des metteurs en scène qui perdront peu à peu tout contrôle sur Marilyn. Mais à New York, où Marilyn est plongée dans l’intelligentsia des lettres et du théâtre, Joe Di Maggio est vite oublié. L’homme qui vient d’entrer dans sa vie est d’une tout autre envergure : il s’appelle Arthur Miller, il est l’auteur des Sorcières de Salem, de Mort d’un commis voyageur et de Vu du pont ; il est l’un des dramaturges les plus célèbres du monde. Il se marieront le 1er juillet 1956 dans la religion juive à laquelle Miller l’a convertie. Avec Di Maggio, Marilyn avait offert au public l’alliance parfaite de la force et de la beauté. Avec Miller, elle donne le spectacle séduisant de celle de la grâce et de l’intelligence. Leur union ne semble toutefois pas avoir été plus heureuse que les précédentes. D’ailleurs, l’écrivain ne paraît guère l’avoir aidée à se défaire de cette dépendance des tranquillisants ou des stimulants (selon les circonstances) qu’elle a contractée, et qui fera de Marilyn une sorte de droguée que l’on verra parfois évoluer sur les plateaux dans un état quasi second, accompagnée d’un nuage de Chanel n°5. Sa carrière ressemblera dès lors à une spirale infernale, couvée de façon très équivoque par Lee et Paula Strasberg, ainsi que par une cohorte de psychanalystes et de médecins complaisants.


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  • du sex-symbol au symbolEn 1956, Marilyn est déjà au firmament des étoiles hollywoodiennes et son couple tient toujours le choc. Lorsque la Fox l'engage pour interpréter Bus Stop, le réalisateur, Joshua Logan, dira « Non, pas elle, elle ne sait pas jouer ! » Il devait se repentir d'avoir dit cette phrase malheureuse après le tournage, affirmant même qu'elle était l'une des plus grandes actrices de tous les temps. Il faut dire que la blonde mythique avait suivi les cours de Lee Strasberg à New York. Ce passage, aussi court soit-il, lui permettra de faire l'unanimité des critiques à la sortie du film. Le New York Times, par exemple, qui dira : « Marilyn Monroe vient d'administrer la preuve qu'elle est une actrice. » En effet, elle ne se tortille plus, ne fait plus d'effets de cils et de moues charmeuses. Logan réussit à la rendre parfaitement crédible en écervelée. Elle est prodigieuse de tendresse, d'émotion et de beauté. Le film obtient un grand succès et Don Murray débute, quant à lui, une carrière prometteuse. Son pari est gagné. Grâce à ce film, Marilyn mystifie tout le monde et atteint le but qu'elle s'était fixé, devenir une actrice à part entière et non un simple objet de convoitise sexuelle. La suite de sa courte carrière abondera dans ce sens.


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  • les complexes d'une grande actriceMais désorientée et naïve, Marilyn continue de se croire mauvaise comédienne malgré le succès de Bus Stop. Son travail sous la direction d’un Laurence Olivier peu inspiré et très exigeant dans Le Prince et la danseuse (où la rencontre symbolique de l’Amérique populaire et de la vieille Europe aristocratique dans un conte de fée moderne) n’arrange rien ; malgré tout, elle confirme qu’elle est bel et bien devenue une très grande actrice dans ce qui reste un très joli film. Le triomphe mondial de Certains l’aiment chaud, qui est certainement l’un des dix meilleures comédies que le cinéma hollywoodien ait jamais produite, la rassure un peu. Elle y livre comme la quintessence d’un génie érotique dont le critique et cinéaste surréaliste Ado Kyrou dira qu’il consistait en des défis « dont le plus important reste sa volonté de rester ce qu’elle était, d’oser être une femme, femme dans le moindre de ses gestes, dans ses paroles, dans son sourire, dans sa myopie, dans sa démarche ». Mais le tournage de ces deux films ne fut pas de tout repos pour ses partenaires et ne cesseront de se dégrader avec les acteurs et metteurs en scènes de ses prochains films. Ces derniers acceptaient mal des caprices qui étaient en réalité les prémices d’une névrose dont personne ne saura la guérir. Tony Curtis, son partenaire de Certains l’aiment chaud, ira même jusqu’à dire : « Embrasser Marilyn Monroe, c’était comme embrasser Hitler. » À quoi elle répondra avec beaucoup d’esprit : « Il a dit ça uniquement parce que mes robes étaient plus jolies que les siennes. » On se souvient bien sûr que, dans cette comédie débridée, chef-d’œuvre de la comédie américaine où Marilyn est au summum de sa beauté et de son talent, Tony Curtis et Jack Lemmon étaient travestis ! Depuis des années maintenant, Marilyn prend des cours à l’Actors’ Studio : son désir d’améliorer son jeu et de sortir des rôles de pulpeuse séductrice est pathétique et tourne à l’obsession. Elle croyait trouver dans son dernier mari, Arthur Miller, intellectuel de renom, une caution suffisante. Mais elle ne parient qu’à faire sourire ou jaser les milieux professionnels qui continuent stupidement à bouder son travail d’actrice. Le jury des Oscars semble ne voir en elle qu’une starlette comme une autre et, malgré une reconnaissance universelle par le public, qui fait de Marilyn la plus célèbre actrice de tous les temps, aucune récompense officielle ne vient la rassurer. Elle devient capricieuse, versatile, insupportable sur les plateaux, s’absente, boude les cocktails, arrive en retard systématiquement à tous ses rendez-vous avec la presse. Un examen plus sérieux des personnages qu’elle a incarné prouve que ses talents d’actrice, parfois mal employés, étaient réels. Derrière la simple poupée préfabriquée, derrière le visage d’ange aux yeux bleus, la silhouette de pin-up, il y avait une vraie comédienne. Il est sans doute vrai que sa vie privée tumultueuse, ses angoisses et ses complexes la rendirent difficile à diriger dans les dernières années de sa courte carrière. Elle était même menacée de licenciement à cause de son attitude sur le tournage de son dernier film, d’ailleurs inachevé (d’après la légende, Cukor lui-même perdait patience). Mais son interprétation pathétique dans Les Désaxés aux côtés de Clark Gable et de Montgomery Clift, lui aussi à la dérive, montre qu’avec un bon dialogue, et un bon réalisateur (John Huston en l’occurrence) elle pouvait faire de grandes choses. Ce fut son dernier film en fait.


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  • Un sex-appeal tout de tendresse et de naïvetéSon sex-appeal ingénu éclate encore dans Le Milliardaire (1960). Marilyn avait très envie de tourner sous la direction de George Cukor, un maître de la comédie américaine dont elle admirait la finesse, l’intelligence et les manières aristocratiques. En réalité leurs relations furent détestables, Cukor lui vouant une sorte de mépris hautin et portant toute son attention à Yves Montand pour lequel il éprouvait une inclination manifeste. Le climat du tournage fut en outre aggravé par la liaison éphémère et terriblement décevante qui unit Montand et Marilyn sous les yeux de Simone Signoret et sous ceux, plus complaisants, d’Arthur Miller. En dépit de quelques très bonnes scènes, Le Milliardaire est d’ailleurs loin d’être le meilleurs film de George Cukor. Sa sensualité à fleur de peau, peau qu’elle avait nacrée et translucide, et son éternel sourire de jeune fille, à la fois tendre et naïf, mais aussi aguicheur, font toujours le succès de Marilyn. Cette carnation si particulière, d’une blancheur que la lumière caresse et magnifie, jointe à une photogénie naturelle et spontanée, charme les projecteurs et fait le bonheur des photographes : on la voit partout, sur les écrans comme dans la presse, depuis sa première couverture du magazine américain Life en avril 1952 à sa dernière séance de pose dix ans plus tard pour le même magazine. Mais si elle aime le travail avec les photographes, son jugement est sans appel : nombreux sont les négatifs poinçonnés et les planches contacts barrées d’un trait de crayon gras.


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  • le dernier acte de la tragédie hollywoodienneLes Désaxés ne seront malheureusement pas le chef-d’œuvre de John Huston, malgré tout ce qu’il promettait. En effet, Arthur Miller, dont la rupture avec Marilyn était pratiquement consommée, avait écrit un scénario extrêmement original, et, sous son autorité, le grand cinéaste réunissait une distribution idéale avec trois stars de l’importance de Marilyn Monroe, Clark Gable et Montgmery Clift. Mais le destin devait conférer à ce film une coloration funèbre : Gable mourrait peu après la fin du film. Clift succomberait à une crise cardiaque six ans plus tard. Et Monroe, elle, entrerait dans le dernier acte de sa tragédie. Comme l’écrit Olivier Dazat : « la mort des trois acteurs principaux l’a ensuite transformé en sanctuaire, lui donnant un souffle testamentaire. » Lorsque Marilyn entreprend le tournage des Désaxés, en 1960, elle a en effet atteint un point de non-retour. Nerveusement brisée, mais toujours aussi belle et aussi talentueuse, elle supporte de plus en plus mal l’épreuve d’un tournage difficile qui se transforme bientôt en cauchemar et dont elle ne se remettra jamais. Et c’est pourtant cette femme malheureuse et très malade que les dirigeants de la Fox vont contraindre, en 1962, sous peine de poursuites judiciaires, à honorer son contrat et à tourner un nouveau film de George Cukor : Something got to give. La compagnie est alors au bord de la faillite Aussi joue-t-elle son avenir sur deux films et sur deux stars : Elizabeth Taylor avec Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz et Marilyn Monroe dans Something got to give. Le premier sera un gouffre financier vertigineux qui aura de graves répercussions sur le budget du second : Marilyn le supportera d’autant moins que Liz Taylor aura gagné dans l’affaire quelque 2 millions de dollars. Le tournage de Something got tot give se présente du reste sous les pires auspices.


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