• Une merveilleuse comédienneNiagara lui donne le deuxième grand rôle de sa carrière ; Henry Hathaway y exploite à fond la sensualité irrésistible de l'actrice et la beauté des paysages et des chutes sur un scénario d'un remarquable thriller. « Épouse infidèle, provocante et perverse, sa démarche, sa robe rouge moulante feront couler beaucoup d’encre, rappelle Olivier Dazat dans l’un des meilleurs livres qui aient été consacrés à Marilyn. En tête de la distribution pour la première fois, le mythe Monroe est en train de naître. » Malgré la protection de Spyros Skouras, la Fox n'en continue pas moins de lui refuser le statut de star : au début des années cinquante, Marilyn Monroe demeure ligotée par le contrat de 1.500 dollars par semaine que lui a fait signer Darryl F. Zanuck. Un salaire dérisoire pour une actrice qui, en quelques films, va faire gagner beaucoup d'argent à la Fox. Mais plus encore qu'une star, Marilyn Monroe est devenue une véritable comédienne, développant ses dons naturels par un travail acharné et par un soin obsessionnel de sa personne. C'est ainsi qu'elle dormait toujours avec un soutien-gorge, de crainte que ses seins de granit (comme les qualifiait Billy Wilder) ne s'affaissent : il est vrai qu'elle répugnait à en porter lorsqu'elle était éveillée !


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  • la fougue et le rythmeSa sensualité rayonnante éclate dans la comédie musicale Les Hommes préfèrent les blondes sous la conduite d’un autre grand d’Hollywood, Howard Hawks, qui a tiré une adaptation filmée de la célèbre pièce de Joseph Fields et Anita Loos. C’est le dix-neuvième film de l’actrice mais le troisième films en tête d’affiche qu’elle partage avec Jane Russell (sous contrat avec la RKO). Contrairement à ce que tout le monde craignait, les deux femmes s’entendent très bien et deviennent même complices, donnant au film tout son tempo et une pêche d’enfer. Elles travaillent en équipe et se complètent à merveille. Le nombre de morceaux de bravoure et de bons mots est ahurissant. Tout le monde se souvient de cette phrase de Monroe : « Ce n’est pas pour son argent que je veux épouser Gus, mais pour le vôtre », dit-elle au père de ce dernier. Sans compter les chansons, les ondulations et les effets de jambes de ces deux pin-up éclatantes et pétillantes. La fougue et le rythme imposés par Hawks, maître du jeu, fait de ce film l’une des meilleures comédies musicales des années cinquante. Quant à l’actrice, elle atteint définitivement sa légende et laisse l’empreinte de ses mains dans le ciment frais d’Hollywood Boulevard. Puis, confirmant son hissage au rang de star, Comment épouser un millionnaire (Jean Negulesco, 1953) - où elle éclipse Lauren Bacall et Betty Grable par sa si émouvante spontanéité - permet de fixer définitivement son image : visage rieur, front haut, chevelure mi-longue ondulée, vêtements ultra-moulants sur des formes pleines. L’année suivante, le très joli western La Rivière sans retour d’Otto Preminger - où elle a pour partenaire le « rude » Robert Mitchum - exploite encore ses talents de chanteuse. La magie des grands espaces et d'une rencontre, celle de la virilité et de la féminité mêmes, dans un western mélancolique et poétique où le jeu de l’actrice se fait plus exact et sa beauté mûrit vite, devenant un modèle pour les femmes du mondes entier. Pourtant, le tournage de La Rivière sans retour aura été pour Marilyn une épreuve terrible, en raison du climat de tension extrême qu’y faisait régner Otto Preminger - un très grand cinéaste réputé pour son exigence tyrannique et sa dureté -, en raison aussi de la rigueur de conditions de tournage au Canada. Pour la première fois, peut-être, Marilyn montrera les limites de sa résistance physique et nerveuse, et sans doute aussi cette profonde fragilité qu‘elle avait si bien masquée jusqu’alors. Et il aura fallu tout l’amour que lui portait Joe DiMaggio, venu à son secours, pour l’aider à surmonter victorieusement cette épreuve.


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  • Une voix aussiElle chante à nouveau à ravir dans la comédie musicale sans génie mais bien enlevée de Walter Lang, La Joyeuse parade (1954). En effet, Marilyn ne fut pas qu’une actrice : comme Marlène Dietrich et Rita Hayworth, elle a mené une carrière de chanteuse, en liaison avec les bandes son de ses films. Si son image entra dans la mémoire collective, sa voix, elle aussi, devint mémorable. Car on oublie bien souvent que Marilyn se révéla essentiellement dans des comédies musicales. À cette époque, les studios ne demandaient pas seulement à une jeune actrice d'être belle, mais aussi de savoir chanter et danser. Qualités que Marilyn n'avait jamais travaillées quand elle décrocha le premier grand rôle de sa carrière dans Les Reines du music-hall. Pour l'obtenir, elle avait interprété à l'audition Love me or leave me, une des chansons du film; Afin de la préparer au rôle, la Columbia la confia à un professeur de chant du nom de Fred Karger. Marilyn en tomba follement amoureuse et suivit avec assiduité les cours qu'il lui donnait. Le résulta fut surprenant quand elle interpréta Anyone can see I love you et Every baby needs a da-da-daddy. Son phrasé était clair, précis et sa voix veloutée avec un mélange d'innocence enjouée et de sensualité retenue. Mais c'était surtout avec Les hommes préfèrent les blondes que Marilyn révéla en outre à ses admirateurs éblouis un réel don de chanteuse : sa voix enfantine et un peu voilée faisant merveille dans les chansons les plus fameuses du film : Bye Bye Baby ou Diamonds are a girl's best friend. Elle fut éblouissante également dans les petits chefs-œuvre de la chanson américaine que sont One silver dollar ou Down the meadow, une adorable ballade enfantine qu’elle chante pour le fils de Mitchum dans le film La Rivière sans retour... Sa voix reste aussi inoubliable que sa silhouette ou son visage. Plusieurs disques témoignent de son exceptionnel talent.


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  • la bouche d'aération1955 est l’année d’un chef-d’œuvre dû au talent de Billy Wilder et à la présence explosive de l’actrice qui continue à jouer à fond de sa capacité de séduction : Sept ans de réflexion, satire du mariage et amusant tableau du comportement de l’américain moyen et de ses fantasmes, fait date. Contrairement à celui de La Rivière sans retour, Marilyn a toujours gardé un excellent souvenir du tournage de la délicieuse comédie Sept ans de réflexion où elle « crève » littéralement l’écran. Quand elle monde ou descend l’escalier de l’immeuble, c’est à chaque fois un événement, lorsqu’elle passe au-dessus d’une grille d’aération du métro et que sa jupe se soulève, on touche à la photo de légende. Qui en effet a oublié cette scène où on la voit au-dessus d’une bouche d’aération de métro, retenant sa jupe qui virevolte autour d’elle ? « Sa personne, écrira François Truffaut, sollicite et retient sûrement notre attention à la manière dont l’aimant attire la limaille de fer. Il n’y a plus sur l’écran motif à réflexions savantes : hanches, nuque, genoux, oreilles, coudes, paumes de la main et profils prennent le pas sur travellings, cadrages, panoramiques filés, fondus enchaînés et raccords dans l’axe. » Au début de ce vingt-troisième film, Marilyn traverse pourtant une grave crise. Elle et son second mari, Joe Di Maggio, le joueur de base-ball, sont en procédure de divorce. Mais la bonne humeur de Billy Wilder, la gentillesse de son partenaire (Tom Ewell) et le script (scénario de Billy Wilder et George Axelrod d'après sa pièce) taillé sur mesure sont pour beaucoup dans la cinglante démonstration qu'elle fait. Épanouie, plus sexy que jamais, Marilyn donne à ce rôle de blonde un peu idiote une envergure que le scénario n'avait pas prévu. Ses grands yeux ingénus, ses robes moulantes, ses moues irrésistibles, son corps sculptural en font l'incarnation même de la beauté en liberté. Elle prouve qu'elle n'est pas seulement une vamp sans cervelle et que ses dons de comédienne ne demandent qu'à être exploités. Ses réparties toutes empreintes d’humour et ses talents de comique lui valent l’attachement du public.


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  • Une simple petite américainePromue incarnation vivante de l’érotisme rêvé par toute l’Amérique encore fortement marquée par son puritanisme traditionnel, Marilyn perd lentement le contrôle de sa propre personnalité. Poursuivie, mitraillée par les photographes, sans cesse interviewée (elle craint terriblement ce genre d’exercice à cause de son manque de confiance en elle), sans cesse en représentation, elle se met à correspondre à l’image qu’Hollywood lui impose. La tragédie est annoncée par le mélodrame permanent de sa vie sentimentale : mariée à Joe Di Maggio, elle le quitte rapidement pour une longue suite de liaisons et de mariage exploités par son team publicitaire. C’est en 1952 que le célèbre joueur de base-ball, coqueluche des foules américaines, était tombé amoureux de Marilyn Monroe mais ce n’est qu’en 1954 que celle-ci acceptera de l’épouser et de former avec lui un couple idéal aux yeux de leurs admirateurs respectifs. Dans l’intervalle, Marilyn avait volé d’aventure en aventure. L’union de Marilyn et de Di Maggio était-elle contre nature ? Toujours est-il que le champion tentera en vain de l’arracher à la faune hollywoodienne pour lui offrir la vie simple à laquelle elle aspire au fond confusément . Et lorsqu’ils seront séparés, il lui demeurera toujours fidèle, notamment dans les moments difficiles. À sa mort, c’est lui qui veillera une nuit entière sur son cercueil et qui organisera ses funérailles. Peut-être aura-t-il été le seul homme à l’avoir véritablement aimée, les autres s’étant bornés, pour la plupart, à exploiter sa naïveté.


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