• Un destin tragique

    Un destin tragiqueMarilyn ? L’idole brisée par le rêve américain et une actrice à la sensualité débordante qui aurait aimé rester une petite fille ! Mais les dieux du cinéma en ont en voulu autrement : debout, assise ou en mouvement, Marilyn a toujours donné l’impression d’avoir conscience de son corps et d’en être heureuse. Elle demeure le visage le plus célèbre qu'ait jamais produit le monde d'Hollywood. Au hit-parade des posters, elle est en tête devant Humphrey Bogart et James Dean. Sa beauté est si souvent détournée à des fins publicitaires qu'elle est présente dans notre vie quotidienne. Plus qu'une actrice, plus qu'un symbole, elle s'éternise dans le mythe. Tragédie, drame, mélodrame... sa vie résume Hollywood à elle seule. Sa vie privée est à la fois malheureuse, tourmentée et passionnée. Son origine obscure, son enfance pauvre, ses débuts médiocres comme pin-up de magazine l'ont marquée d'un complexe d'infériorité dont elle ne saura se défaire.

  • Un destin tragiqueLe 5 août 1962, le corps sans vie de Marilyn Monroe est découvert dans sa maison de Brentwood, près de Los Angeles. Quelques Boîtes de médicaments vides sur la table de nuit mènent rapidement les enquêteurs à la thèse du suicide. Trop rapidement ? Aujourd’hui encore, le mystère reste entier et le même parfum de scandale continue à planer sur sa vie. Suivie par deux psychiatres, la victime étaient en effet depuis bien des années dans un état permanent de fragilité psychique et mentale. La chambre était fermée de l’intérieur, et un flacon vide, accompagné de l’ordonnance délivrée la veille, semblait vouloir écourter l’enquête en désignant clairement le suicide comme seule explication. Pourtant, mais on ne le comprit que plus tard, plusieurs indices tendaient vers la thèse de l’assassinat. Le corps avait été déplacé : pourquoi ? Par qui ? Une ouverture avait été pratiquée dans la fenêtre : pour transporter le corps et l’installer dans la chambre ? Enfin, l’autopsie ne révéla pas de traces de médicaments dans l’intestin, mais dans le sang : les médicaments qui l’ont tuée ont-ils été injectés, et ce par un tiers ? Motifs et coupables restaient encore à déterminer. Les quelques points flous de la vie de Marilyn semblaient eux aussi appuyer la thèse de l’assassinat, notamment ses relations amoureuses avec les frères Kennedy, Robert, le Ministre de la Justice, et surtout John, président des États-Unis. Car le pays entier savait : au mois de mai de la même année, la blonde star, moulée dans une robe fourreau de couleur chair, avait chanté Happy Birthday à John, lors d’une cérémonie d’anniversaire officielle retransmise par la télévision depuis le Madison Square Garden. Et sa voix si sensuelle, à la féminité exacerbée, avait fait de cette banale chanson traditionnelle une véritable déclaration d’amour. Confidente de l’un puis de l’autre, elle notait dans ses carnets des conversations sur l’oreiller qui touchaient parfois au secret d’État. De là à penser que l’État américain la considéra un jour comme dangereuse, il n’y a qu’un pas. La star internationale, objet de tous les fantasmes des hommes et de toutes les jalousies des femmes, avait réussi à tirer un trait sur son enfance de petite fille abandonnée par une mère dépressive, pour se retrouver finalement au cœur de la vie politique de son pays.


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  • Une immense star de 1,65mMarilyn, star de 1,65m, trop voyante et trop vue, était bien trop à l’aise avec les médias pour ne pas faire peur aux autorités. Les ruses et les roueries des journalistes, des cinéastes et des photographes n’avaient plus de secrets pour elle. Parfaitement consciente de l’importance de son image, elle avait appris peu à peu à contrôler la circulation des informations et des clichés. Sa relation privilégiée avec les médias avait d’ailleurs commencé très tôt. En 1942, à seize ans, Norma Jean Baker épouse un brave et honnête garçon, Jim Dougherty, avec qui elle semble devoir commencer enfin une vie sans histoire. Mais la toute jeune femme est trop belle et trop sûre de sa beauté pour demeurer la petite ouvrière modèle qu'elle est alors dans une usine de parachutes. Remarquée par le photographe David Conover travaillant pour l'unité cinématographique des forces armées chargé de faire « en des endroits stratégiques des instantanés de jolies jeunes filles, susceptible de rehausser le moral au travail » et lui propose de travailler comme modèle : « Puis-je faire votre portrait ? Vous êtes formidable. Avec ces images, le moral des petits gars de notre armée sera toujours au beau fixe. », elle entreprend rapidement une carrière de cover-girl à 5 dollars par heure de pose qui lui vaut une petite célébrité et la pousse à abandonner sans trop de remords le pauvre Jim Dougherty pour des amants capables de la servir et, surtout, de lui donner à rêver. Elle ne guérira jamais de cette boulimie amoureuse qu'il serait injuste et profondément faux de mettre sur le compte exclusif de l'arrivisme, du cynisme ou de la nymphomanie. Tout au long de sa brève et tragique existence, Norma Jean Baker éprouvera ainsi l'irrépressible besoin de se donner et de retrouver inconsciemment la figure du père qu'elle n'a pas eu. C'est d'ailleurs probablement dans cet élan total (et suicidaire) ainsi que dans cette quête éperdue (et tragique) que réside le secret de son destin.


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  • De la pin-upÀ la suite de ces premières séances de pose avec le photographe David Conover destinées à soutenir le moral des troupes envoyées en Europe, elle était engagée par une agence de mannequins et faisait rapidement la couverture de nombreux magazines américains. C’est le début de sa carrière spectaculaire de cover-girl et de sex-symbol. L'année 1946, année de ses vingt ans, voit à la fois son divorce et la signature d’un contrat avec la Twentieth Century Fox qui entraîne la naissance d’un pseudonyme : elle choisit le nom de jeune fille de sa grand-mère. Marilyn Monroe est née. En 1949, à court d’argent, la débutante, qui n’est pas encore blonde, accepte de poser nue pour le photographe Tom Kelley, qui lui fait prendre des poses lascives sur fond de velours rouge. Cette concession à ses rêves de succès au cinéma fut dans un premier temps vite oubliée... jusqu’à ce que, quelques années plus tard, alors que sa carrière est bel et bien lancée, des journalistes malveillants ressortent des fonds de tiroir cette série et le calendrier auquel elle donna lieu. Devant le scandale, la Fox prit peur et menaça de cesser toute collaboration. Et voici que la star, qui a maintenant pris de l’assurance, retourne sans peine la situation à son avantage en déclarant avoir posé parce qu’elle avait faim, tout simplement. Si les médias en sont pour leurs frais, le public est séduit par la sincérité et l’honnêteté de la jeune femme : son but ultime est atteint. Car le besoin qu’a Marilyn de l’amour du public n’a que peu de limites. En 1954, alors qu’elle vient tout juste d’épouser l’ancien joueur de base-ball Joe DiMaggio, elle n’hésite pas à interrompre sa lune de miel au Japon pour aller soutenir les troupes américaines en Corée. Une foule d’environ 13.000 militaires en liesse l’acclame dès son arrivée en hélicoptère : enivrée, elle ne sent pas le froid vif de février et interprète avec enthousiasme ses plus grands succès, dans une robe bleue marine, courte et décolletée qui met particulièrement en valeur ses rondeurs parfaites. Quelques années auparavant, les photos réalisées pour l’armée avaient en effet rapidement eu un vif succès auprès des troupes, qui l’avaient surnommée sans hésiter Miss Lance-flammes. Son visage et ses formes avaient dès lors orné les chambres de milliers de soldats américains de par le monde. Tout au long de sa vie, c’est ce besoin de reconnaissance et d’affection qui aura commandé à Marilyn la plupart de ses choix. C’est cet étrange mélange, fait d’un complexe d’infériorité et d’un besoin viscéral de reconnaissance, qui la pousse à des comportements que certains ont pu, parfois, interpréter comme vulgaires et provocateurs. Mais d’autres regards, plus indulgents et plus nombreux, peuvent tout aussi bien lire ces robes plus que moulantes, ces décolletés transparents, cette bouche entrouverte, comme une immense soif d’attention, soif à jamais inassouvie d’une femme prête à tout donner pour parvenir à ses fins. Autant de signes de souffrance, autant de traces des humiliations passées. Ballottée de famille d’accueil, plus ou moins accueillantes, en orphelinats, la petite Norma Jean Baker connait une enfance chaotique, subissant très tôt des abandons répétés et douloureux. Le départ de son père, qui avait déjà quitté sa mère au moment de la naissance de Marilyn (le 1er juin 1926*), ne fait qu’annoncer celui de sa mère, internée en hôpital psychiatrique alors que la petite fille n’a que six ans. Pas besoin d'être psychologue pour reconnaître là le terrain propice à l'éclosion de désirs fébriles, d'une frustration perpétuelle, d'une soif d'amour impossible à étancher. Cependant, il y a des millions de familles brisées et il n'existe qu'une Marilyn et, pour l'essentiel, elle restera maîtresse de sa vie, contrairement à la plupart d'entre nous.


    *Gémeaux ascendant Lion sa lune était en Verseau. Un jour qu'on lui demandait si elle savait qu'elle était née sous le même signe que Judy Garland, Rosaline Russell et Rosemary Clooney, elle répondit : « Je ne sais rien de ces personnes, mais je suis née sous la même étoile que Ralph Waldo Emmerson, la reine Victoria et Walt Whitman. »


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  • à l'actriceEt dès ses premiers rôles importants, c’est bien l’image d’un sex-symbol qui se dessine. Après quelques mois pendant lesquels elle s'astreint à apprendre à jouer la comédie et où elle joue les figurantes fort peu habillées dans les soirées hollywoodiennes, c'est un ancien président de la Fox, Johnny Schenck, qui lui fait faire de minuscules débuts dans Scudda Hoo ! Scudda Hay !, une comédie de F. Hugh Herbert où on ne la voit guère plus de quelques secondes. Elle a ensuite une petite scène dans Dangerous Years d'Arthur Pierson, après quoi elle est brusquement licenciée par Darryl F. Zanuck, le 25 août 1947. Mais Marilyn retournera bientôt à la Fox, pour le meilleur et pour le pire. Entre-temps, elle a rencontré un agent qui aura une influence décisive sur sa carrière : Johnny Hyde. Ce dernier, de trente ans son aîné, lui proposera même de l'épouser. Hyde l'a remarquée dans un film avec les Marx Brothers : La Pêche au trésor (David Miller, 1949) qu'elle a tourné pour les Artistes Associés et où elle est déjà merveilleuse dans une scène avec Groucho. Il lui fait obtenir un rôle plus important dans une production de la MGM qui sera un chef-d’œuvre du film noir : Quand la ville dort (1950) de John Huston. Ce n'est pas encore la grande Marilyn des années cinquante, mais son charme opère déjà irrésistiblement. Au point que Zanuck accepte de la reprendre et de lui faire signer un nouveau contrat, ce qui lui vaut une brillante apparition dans Ève (Joseph L. Mankiewicz, 1950). Cette ironique et cruelle chronique des mœurs théâtrales new-yorkaises installe pour longtemps, trop longtemps sans doute, cette image de bonne fille candide et sexy dont elle aura tant de mal à se défaire mais qui, il faut le reconnaître, lui va comme un gant. Zanuck qui ne croit pas en elle et qui ne l'aime guère - sans doute parce qu'elle a été la maîtresse de Johnny Schenck -, va du reste la cantonner dans cet emploi.


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  • Une nouvelle starSon sex-appeal reste pour l'instant son seul atout, mais la publicité et ces quelques très bons films en font une rivale sérieuse pour les stars de l'époque : Rita Hayworth ou Ava Gardner. Marilyn obtient de jouer des rôles plus intéressants pour sa future carrière avec des réalisateurs prestigieux dans des films aujourd'hui mythiques qui la révèlent peu à peu comme Le Démon s'éveille la nuit de Fritz Lang (1952). La critique ne manquera pas de souligner la fraîcheur de son interprétation beaucoup plus ambitieuse que lui offre Troublez-moi ce soir (Roy Baker, 1952) où elle se voit confier son premier grand rôle. Au printemps de 1951, impatiente de devenir la grande star qu'elle sait pouvoir être, Marilyn décide de frapper un grand coup en séduisant Spyros Skouras, le tout-puissant directeur commercial de la Fox (il en deviendra le président après le départ de Zanuck en 1956). Elle y réussit au-delà de toute espérance, s'attirant toutefois de ce fait la haine définitive de Zanuck qui doit composer. Son aventure avec Skouras se traduit par une accélération immédiate de sa carrière. Si elle n'a pas le premier rôle dans Chérie, je me sens rajeunir, une désopilante comédie de Howard Hawks (1952) où sa simple apparition déchaîne une ahurissante tempête érotique, elle parviendra à ses fins dès l'année suivante où deux films très différents la consacrent star à part entière et sex-symbol.


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